INGI
Louis Ingigliardi, dit INGI, est né à Nice en 1915 et décédé à Puteaux en 2008.
Issu d’une famille de mélomanes, INGI commence ses études de violoncelliste au Conservatoire de Nice. Il s’installe à Paris fin des années 1930 pour parfaire ses études de musicien, interrompues par la guerre, mais reprises aussitôt après sa libération, en 1944, au Conservatoire Supérieur de Paris.
A travers son métier de musicien, INGI va jouer sous la conduite des grands chefs d’orchestre internationaux. C’est dans ce contexte qu’il côtoie de nombreuses personnalités de la musique, des arts et des lettres.

En 1954, la création du Strapontin, magazine de l’actualité du spectacle et du disque, devenu ensuite Premières Magazine, lui donne l’opportunité de se consacrer à la photographie parallèlement à son métier de musicien.
A la fois acteur et observateur, son éclectisme se retrouve dans son œuvre photographique. En effet, il va réaliser des portraits de musiciens, mais aussi d’écrivains, de poètes ou de peintres, ainsi que des nus ou des paysages, reflets de son intérêt pour la nature. C’est en particulier le cas de la montagne qu’il sillonne depuis 1932.
INGI se tourne aussi vers la photographie publicitaire et le reportage. Ainsi, il éternise des évènements exceptionnels comme les visites de Haïlé Sélassié, roi d’Éthiopie, en 1954, de la Reine Elisabeth II en 1957 ou le Congrès du parti communiste français au Vél d’Hiv’ le 8 novembre 1955.

Au centre de sa production, les portraits ambitionnent, selon son propre terme, de "pénétrer" le monde des artistes. Répondant à son goût pour l’instantané, les prises de vues sont peu nombreuses (rarement plus de 12) et peu posées car elles s’organisent au cœur d’une conversation qui pouvait durer une à trois heures. Autant qu’il le peut, INGI photographie ses modèles dans les lieux qui leur sont familiers. Il n’emploie jamais de flash afin d’estomper l’aspect technique de son travail. Conséquence de ces choix, ses photographies brutes sont rarement achevées, et à ce titre il souligne l’importance du recadrage qui "peut changer du tout au tout l’appréhension du sujet d’une image". Il immortalise ainsi nombre de musiciens classiques comme Dmitri Chostakovitch, Arthur Rubinstein ou Alfred Cortot, de grands interprètes de la chanson française avec Barbara, Charles Aznavour, Georges Brassens et Serge Gainsbourg ou encore écrivains et poètes tels que Boris Vian, Pierre Jean Jouve et Jacques Prévert. Avec la délicatesse des mains de Marc Chagall, INGI réalise un "portrait sans visage", avec l’étude des gestes de Pierre Boulez, une vision expressionniste et avec l’inspiration mystique de Maurizio Pollini une composition dramatique. Ces tirages, essentiellement réalisés chez Pictorial par Pierre Gassmann, sont pour la plupart d’époque et signés, conservés depuis lors dans ses archives.

L’œuvre d’INGI va faire l’objet d’expositions dès la fin des années 1950, notamment à la Galerie Taitbout en 1958, au Salon International du Portrait Photographique à la BnF en 1961, à la Galerie À l’image du grenier sur l’eau en 1994 ou encore à l’espace Carpeaux à Courbevoie en 1999.
INGI poursuit dans le traitement de ses séries de portraits ou de façon plus flagrante dans les sujets différents qu’il choisit, une logique musicale appliquée à la photographie : choisir des thèmes, puis construire des variations sur ces derniers.